· Présentation des personnages Chapitre 1
L'obscurité, ou la lumière ? Quelle est la vraie différence ? Peu importe la noirceur de nos actes tant que la justice est faite.
C'est ce à quoi je pensais, ce jour-là, lorsque l'ombre c'est levé et que la désolation nous a frappés. Depuis tout jeune, je voyage à travers les Cimefroides pour embarquer sur un navire en Kryte partant pour l'archipel Zaishen, c'est probablement ce qui m'a sauvé ce jour-là.
De quel jour je parle ? Le jour de la fournaise pardi ! Mais laissez-moi vous conter mon histoire.
Je m'appelle Eihwaz Dubh membre de la famille Dubh et né sur le territoire d'Ascalon. Depuis mon très jeune âge j'ai eu la chance d'avoir une affinité avec la nature et plus particulièrement les animaux. C'est pour cela que je suis devenu rôdeur, la famille principale ayant décidé d'exploiter cette compétence à leur profit.
Depuis tout jeune j'ai appris à partir pour la Kryte en compagnies des caravanes marchandes afin d'embarquer pour l'archipel Zaishen. Évidement des tensions existe entre les Krytiens et les Ascaloniens, mais des accords de commerce ont toujours existé entre les familles indépendantes.
Mon enfance n'a que peu d'intérêt c'est pourquoi je ne vous en parlerais que peu, le fait d'avoir été l'ami d'Uruz Dubh de lui avoir offert une autruche, ou le fait d'avoir été l'apprenti du maître Nente ne doit pas vous intéresser. C'est pour cela que je vais maintenant vous conter ce qui s'est passé quelques semaines avant ce désastre.
Chapitre 2
C'était un beau jour ensoleillé, la rosée ne tenait pas les premiers rayons de soleil, c'était un jour à flâner plutôt qu'à travailler. Maître Nente m'avait donné ma journée, j'avais bien travaillé ces derniers jours et je méritais un peu de repos.
Mon maître était bon, il savait juger l'utilité de faire travailler les gens quand il le fallait et non faire travailler les gens perpétuellement quitte à perdre de nombreuses heures dû à l'inattention de ses élèves ou à la contre production des actions menées.
Si seulement tout le monde pouvait comprendre cela... Mais cette journée me parut très vite gâché. Je le compris tout de suite quand je vis Jera arriver. Jera n'était pas laide, ne pensez pas que j'oserai nier sa beauté, mais elle était souvent porteuse de mauvaises nouvelles. Elle arriva à mon niveau et se figea devant moi avec un radieux sourire. C'était donc mauvais pour moi... Je me redressais.
« Tiens, salut Jera. »
« Eihwaz » Elle inclina la tête lentement et avec grâce.
« Je suppose que tu as un message à me faire passer ? »
« Oui, Priomh t'attend à la maison principale. »
« Mazette... C'est à ce point-là ? Le grand chef en personne ? »
« Oui, Eihwaz, il a une mission pour toi. »
« Et moi qui pensait avoir enfin une journée tranquille. » Elle se mit à rire, non pas un rire forcé ni désagréable mais d'un de ces rires cristallins qui vous réchauffe le cœur. Elle aussi, avait un don, seulement les maîtres de maison ne semblaient pas le remarquer.
« Ce sera pour une autre fois, allez viens, ne le fait pas attendre tu sais comment il est. »
Je n'avais pas le choix, j'aurais dû me cacher dormir dans un arbre au milieu du comté des vertes vallées plutôt qu'au milieu d'un pré... Je me levais et posa un léger baisé sur la joue de Jera.
« Merci, Jera. »
« Pourquoi pour mes mauvaises nouvelles ? »
Je secouais la tête, je ne pouvais pas lui dire que rien que sa présence ensoleillait même les pires nouvelles d'un halo de joie.
« Allons-y. » Je voyais au loin le manoir de la famille principale, rien que savoir qu'il fallait que j'y rentre me donna des frissons, je me demandais toujours comment Uruz faisait pour rester aussi impassible devant ces portes d'ébène noire sans être terrifié, peut-être la force de l'habitude. J'espérais ne jamais oublier ce sentiment par peur de perdre mon humanité.
Jera m'embrassa la joue et partie, je savais qu'elle ne pouvait aller plus loin et qu'elle devait retourner à la maison des messagers. Ce n'était pas tous les membres de la famille qui avaient le droit d'entrer dans la maison principale, cela ne m'arrangeait guère je préférais en resté loin.
Chapitre 3
Je m'arrêtais devant la grande porte, Uruz vint directement vers moi avec son grand sourire niais et son autruche le suivant de près. Il me tapa sur l'épaule, de ce qui lui sembla être une tape amicale mais celle-ci sembla me déboîter l'épaule.
« Hey Eihwaz, c'est le grand jour ? »
« Ayo... tu peux le dire... » Je maugréais plus que je ne parlais. Pour certains l'ascension afin d'atteindre un rang dans la maison principale représentait un rêve, pour d'autre c'était un cauchemar, j'espérais qu'on m'assignerait ma mission et qu'on m'oublierait, mais même si l'espoir fait vivre il ne faut pas se leurrer de fausses illusions.
« Allez, ouvre moi Uruz, je n'ai pas le temps de discuter aujourd'hui tu connais l'humeur de Priomh. »
« Ouaip, j't'ouvre vite fait ! » Il se dépêcha de partir vers le levier d'activation des portes avec une démarche joyeuse, il semblait heureux pour moi, cela devait être un évènement dans sa tête. Comment pouvait-il être aussi niais et aussi aveugle ? Cette famille vous ronges l'âme et n'en laisse que des moignons fétides et purulent.
J'entendis le grondement sourd du mécanisme s'enclenchant, les rouages se mirent à tourner et les chaînes se mirent à tracter les lourdes portes. Le bruit monta petit à petit en décibel, passant du grondement sourd à un hurlement strident, les rouages peinaient, les chaînes grippaient sur le rouage et la porte grinçaient sous l'effort soutenu de ses gonds. Dans un crissement sonore l'intérieur du manoir se dévoila, du marbre noir recouvrait le sol et les murs étaient en granite froid et sans vie. Entrer dans cette demeure demandait de sortir de la lumière pour s'enfoncer dans l'obscurité et les ténèbres. Un frisson remonta le long de mon échine dorsale et dans un souffle je prononçais ses mots :
« Allez petit bonhomme.. en avant. » Je fis un pas en avant dans la demeure, mes chausses crissaient sur le sol, à chaque pas j’avais l’impression d’entendre un hurlement indistinct. Le sol se mit à trembler les rouages se remirent en action et la porte se ferma. Il faisait sombre, très sombre et au fond de mon cœur je n’avais qu’une seule envie : hurler.
Chapitre 4
Mes yeux finirent par s’acclimater à l’obscurité ambiante, il me fallait avancer, mais vers où ? Je n’étais jamais venu dans la maison principale… Seule l’élite de la famille y avait droit.
Un homme blafard tourna au coins du couloir et me fonça dessus. Je crus d’abord qu’il allait m’attaquer et mon réflexe fut de me préparer à courir à toute vitesse mais l’homme s’arrêta devant moi. Il devait avoir la quarantaine et sa chevelure argentée lui tombait sur les épaules, son sourire était chaleureux mais son regard était vide.
« Bienvenue, monsieur Eihwaz, notre excellence vous quémande. »Il s’inclina d’une manière très formelle.
« Euh… oui, salutation sire ? »L’homme paru troublé trembla un moment et se mis à marmonner puis à gémir légèrement avant de répondre.
« Non, monsieur Eihwaz, je ne puis vous permettre de m’appeler sire, je ne suis qu’un humble serviteur du nom d’Anzus. »
« Eh bien Anzus, par où allons nous ? »Il se mit à trembler son air devint moins souriant, il semblait perplexe, il se remit à gémir et marmonna quelque chose avant de dire :
« Oui oui bien sur, suivez-moi, monsieur. »
Pendant notre progression le long des couloirs je remarqua un point important, tout les serviteurs ou employés de maison que je vis passer avaient le regard totalement vide comme si leurs âmes leurs avait été enlevé. Je frissonna malgré moi. L’atmosphère était lourde et on entendait des cris inhumain en dessous de nos pieds. Il fallait savoir que la famille Dubh avait sa propre conception de la loi et qu’elle était son propre juge.
C’est à ce moment là que je compris réellement que tout n’était pas bon au royaume d’Ascalon. Certes je m’en doutais avant, mais c’est un tout de le savoir et un autre de le voir.
Plus on avançait plus la peur m’enserrait les entrailles, j’avais peur, oui peur de finir comme tout ces serviteurs, sans âme. Pouvait-il nous retirer notre âme ? Est-ce que les recherche des nécromants avait poussé aussi loin la chose ?
Au bout, du couloir se trouvait une porte faite d’or, et là je su que nous arrivions, une telle effigie de la lumière au milieu de l’obscurité ne pouvait qu’être la chambre principale de la maison, là ou siégeait avec vanité notre chef de clan.
Chapitre 5
Anzus partit vers la porte, et frappa au heurtoir plusieurs fois, deux coups rapide et trois lent. Un grincement sinistre se fit entendre et les portes commencèrent à bouger, un homme grand et fort, un peu comme Uruz, du nom de Tarbh poussait les portes.
L’intérieur de la chambre principale était magnifique et éclairait de mille feux, tellement que j’en fus ébloui. Mes yeux mirent quelques minutes à s’habituer, les murs étaient de marbre blanc recouvert de tapisserie de toutes les couleurs, rouges, verts, jaune, bleu, le sol était d’une couleur dorée et recouvert d’un épais tapis rouge allant de la porte au trône ou siégeait Priomh.
Je regardais à gauche et à droite, les armoiries du clan Dubh étaient là aussi, un cœur empalé par une épée sur un brasier entouré d’un griffon et d’un drake. Je frissonnais de nouveau, il fallait que je m’efforce pour avancer je devais rejoindre les trois marches se trouvant devant le fauteuil du maître de maison afin de m’agenouiller. Certes il n’était pas roi, mais il avait sa fortune personnelle… Ne me demandez pas quel sorte de marchandise il vendait pour avoir tant d’or, tout ce que je sais c’est que les animaux que l’on vendait ne rapportait pas autant.
Je fis quelques pas avant de me rendre compte que les portes s’étaient refermés et que Anzus et Tarbh avaient disparus. Il ne restait que moi et Priomh, les anciens n’étaient pas là, ce qui me sembla étrange, de plus le tension montait et ma peur me rongeait petit à petit.
Je finis par atteindre les marches et je me mis à genoux.
« Mon maître, je suis ici comme vous me l’aviez demandé. »Il fallait tenir sa langue si on ne voulait pas subir de punition, j’étais concentré il ne fallait pas que ma langue fourche.
« Ah… Eihwaz, il t’en a fallut du temps, Jera ne serait elle pas assez rapide ? »J’ouvris la bouche et la referma avant de répondre, je voulais m’écrier qu’elle n’y était pour rien mais cela n’aurait rien arrangé.
« Non, maître, c’est moi qui l’ai retardé je m’en excuse, je ne pouvais me présenter à vous dans l’état ou j’étais, cela aurait manqué de respect à votre égard. »
« Bien, cela n’a pas d’importance il y a fort urgent à faire, et Teiwaz étant malade tu es le seul à pouvoir le faire. »Je déglutis lentement, la pression ne descendait pas, qu’allait il me demander ? Et qu’allait il me faire ? Finirais-je comme les serviteurs du manoir ?
« Bien, maître, commandez et j’obéirais. »
« Brave enfant. »Priomh se mit d’un sourire, un sourire qui ne semblait pas en être un, les muscles de ses mâchoires se contractèrent et sa peau se tira belle et bien afin que sa bouche décrive une courbe… Seulement on n’aurait pu trouver la même expression chez un loup assoiffé de sang.
Chapitre 6
Je vous passerais le souvenir pénible de notre entretiens, mais le résultat fut que je devais traverser les Cimefroides pour faire un échange avec la ménagerie se trouvant sur l’archipel Zaishen. Je me devais d’amener un félin de Melandru en échange d’une créature exotique, mon maître voulait ce que l’on appelé un tigre blanc du Cantha.
Je devais passer voir maître Nente, il me fallait le prévenir de mon absence qui serait probablement longue, avant de retourner à ma chaumière ou je préparerais mes affaires. Pour avoir déjà effectué le trajet avec mon instructeur je savais qu’il me fallait des affaires chaudes pour évité de geler lors de mon ascension des montagnes.
Il me faudrait aussi un animal capable de sentir le dangers à des lieux à la ronde c’est pour cela que je finis par choisir d’amener mon fidèle Nigrox avec moi. C’était un phacochère son odorat ne le trompait jamais, il arrivait même à trouver des truffes ce qui me permettait d’arrondir mes fins de mois.
Il y avait des pièges et des monstres à éviter dans ces montagnes, si Dwayna le veut j’arriverais à survivre à ce passage. En sortant de ma chaumière je vis Uruz, il ne gardait plus la porte du manoir il venait me voir.
« Alors tu ne gardes plus la maison principale Ur’ ? »Il afficha son sourire habituel en répondant :
« Tarbh a pris la relève, j’voulais voir c’que tu préparais, t’à l’heure t’es sortie sans m’dire un mot… »
« Désolé Ur’… Je ne t’avais pas vu j’étais préoccupé par les préparatifs. »Son regard scintilla de malice.
« Alors tu rentres dans l’conseil ? »La question était si soudaine et absurde que je faillis m’en étouffer.
« Non, Priomh veut que j’aille faire un échange avec les Zaishens. »
« Ah… c’n’est pas l’grand jour alors ? »
Sa mine était triste, il semblait vraiment vouloir me voir à la tête de cette fichue famille.
« Non, et pour moi si jamais ça devait arrivé ce ne serait pas un grand jour, mais le pire jour de mon existence. »
« Mais… »
« Y a pas de mais Ur’ »Il semblait vraiment triste, il tendit sa main vers moi son poing était fermé.
« Tiens, c’pas grand chose mais t’sais… c’est pour toi. V’la ça vaut pas Gromkael, c’est pas vivant mais j’peux pas faire mieux. »Gromkael était son autruche, et ce qu’il m’offrit était un petit couteau qui semblait avoir été fait main.
« C’est toi qui l’a forgé Ur’ ? »
Celui ci fit oui de la tête.
« Merci, j’en prendrais grand soin. »Son visage s’éclaircit d’un sourire franc et il se retourna et pris la direction de la maison principale.
« J’pas l’droit de m’absenter trop longtemps, Tarbh fait l’boulot depuis un p’tit moment faut qu’j’y r’tourne. »
« Ok, salut Ur’. »